Jean-Guy est un drôle de loustic
Jean-Guy, c'est le chauffeur de la navette entre l'aéroport et le centre ville de Montréal.
Jean-Guy, oui oui, Jean-Guy. Il s'est présenté avec son micro.
Il a une tactique bien à lui. D'abord, laisser grimper des gens, des bagages, beaucoup de gens, beaucoup de bagages. Quand il y en a suffisamment trop, beaucoup trop, il fait descendre, dans la bonne humeur, les trois quarts des personnes debout. Nous n'en étions pas.
Ca prend un peu de temps. Le trafic est très dense mais Jean-Guy ne se démonte pas. Il change le programme. La tournée des hôtels sera faite après l'arrêt en centre-ville. A priori, l'inverse était prévu. Personne ne semble s'en émouvoir. Toutes les personnes concernées viennent en fait d'être sorties de l'engin.
Pauvres gens organisés. Leur avion était réservé depuis plus de 10 mois, tout comme l'hôtel et son buffet d'accueil canadien. Ils connaissaient l'heure des pancakes. Ils savaient même à quelle heure ils allaient pouvoir embarquer dans les zodiaques, 4 jours et demi plus tard, pour approcher les baleines de Gaspésie et de 35m de long. Ils connaissaient déjà l'ensemble de leurs souvenirs canadiens.
Une chose leur échappait alors : les facéties de Jean-Guy, le gars de la navette. Il fait le même métier, le même parcours depuis 30 ans, mais il allait être leur premier imprévu canadien.
Ah oui, il fait des blagues aussi dans son micro Jean-Guy. Pour exemple, il nous a expliqué d’où venait l'appellation « souterrain », en mémoire d'un gars, M. Terrain (ou terin, l'orthographe n'a pas été précisée), tristement réputé pour son alcoolisme.
Il est comme ça Jean-Guy, un sacré loustic.
18h27-Heure locale
Fin d'après-midi d'une journée de 30h. Chacun 15 kilos sur le dos.
20 minutes de Jean-Guy passent.
Premières images de Montréal hors aéroport : affreuses ou, plutôt, moches. C'est à l'image des entrées de ville à l'occidentale, scarifiées par les axes routiers, infectées par une éruption de panneaux publicitaires, longées de bâtiments d'activité lépreux. Il s'agit là d'une sorte de socle commun à l'humanité dite développée. La capitale de la Belle Province n'y a pas échappé.
C'est pas grave, poser les sacs, dormir.
Arrêt à la gare routière. Arrêt chez un dépanneur pour l'achat d'une carte. Deuxième "Bienvenue au Canada" depuis le tamponneur des visas.
Metro : "Berri-UQAM" - "Mont Royal".
Le premier contact avec les entrailles d'une métropole est souvent contrasté. On s'efforce d'être enthousiaste. Une minute passe. Agitation, bruit, odeur, chaleur (putain de chaleur). Même les couleurs semblent alors hostiles. La fatigue assèche la soif de découvertes. C'est pas grave, poser les sacs, dormir.
Un peu de marche.
Les 15 kilos en paraissent 450 et le soir tombe. On peut de temps en temps relever la tête. Coup d'oeil sur le quartier du Plateau. Ca va, c'est plutôt chouette. L'organisation rectiligne du quartier est chamboulée par un gentil bordel le long des trottoirs dans les tous petits jardins, c'est coloré, c'est verdoyant. Mais, merde. Poser les sacs et dormir, on verra le reste plus tard.
Première escale rue Henri Julien
« Auberge de jeunesse Chez Jean
Mythe ou réalité ? »
Une chambre de 4. 20h03 - Heure locale.
Poser les sacs, dormir.